AQUOIBONISTES

A quoi bon ? Si on prend cette formule au pied de la lettre, on renonce à tout….. et on y trouve des justifications…. A quoi bon peindre ? A quoi bon écrire ces quelques lignes…. Tout le monde (et c’est bien légitime)s’en fout !

A quoi bon vivre … ultime réflexion , je suppose des « aquoibonistes » ? Pourquoi cette obstination à vivre une existence parfois merdique… Même dans les camps de concentration, dans la souffrance et l’horreur totale, la majorité s’est efforcé de survivre dans l’épouvante quotidienne. Alors qu’on a vu des gens se supprimer dans la force de l’age, beaux ou belles , riches adulés,donnant une impression de totale réussite. Il y a sûrement une prédisposition à la mélancolie , à la tristesse, à la peur d’affronter la vie,au mal de vivre . Est-ce du à une faiblesse psychologique ou au contraire à une conscience plus aiguë de l’absurdité de la vie , de son inutilité ……..

C’est vrai, la vie est là … bien obligé de faire avec et de trouver des raisons de la vivre …. et autant que possible, du mieux qu’on peut. Ce qui n’est forcément pas toujours facile puisque notre destin personnel est forcément lié à notre environnement social, géographique, historique……

Exemple : naître dans une misérable famille , de paysans au début de la guerre de cent ans c’était assurément connaître la famine , le pillage , les massacres durant toute sa vie … Rien de bien réjouissant… Avoir des idées un tant soit peu antireligieuse sous l’inquisition te condamnait à l’exclusion, a la torture et au bûcher …. Pour survivre , bien obligé de faire semblant de croire aux dogmes de l’église… et de ce fait, ne pas être en accord avec ses idées… et d’en être malheureux, tourmenté.

Plus près de nous, et ça me touche personnellement, qu’aurait été la vie de mon père sans la guerre de 14/18 ? D’accord , c’était un homme sans instruction et sans culture .Ce qui n’exclut pas pour autant la sensibilité et j’imagine le choc que fut pour lui (et tous les autres)l’obligation de surgir des tranchées , sur le champ de bataille, baïonnette au canon et de courir sur l’ennemi ( les mêmes jeunes hommes) pour s’entre tuer s’étriper et ça sous la mitraille . A cet instant, si on pouvait choisir , ne préférerait-on pas le néant ? Plutôt que vivre cette horreur…. L’incompréhension d’une telle situation est peut-être encore plus insupportable pour ceux qui la subissent que pour ceux qui savent (ou qui croient savoir) les raisons de cette boucherie. Quoi qu’il en soit , les survivants de pareils combats, qui ont vécu l’horreur au quotidien, ne seront plus jamais les hommes qu’ils auraient été ….. Psychologiquement différents et forcément meurtris.

Je fais référence à quelque chose qui peut sembler lointain : 14/18…. c’est du passé. D’accord , mais une vingtaine d’années plus tard : 39/45…… Je ne m’étendrai pas sur l’abomination des camps , sur toutes les atrocités qui en découlèrent… n’empêche : il y a des hommes capables de faire ça…. et de millions dont le destin a été de le subir. Il me semble vraiment incompréhensible de croire en un dieu bon et miséricordieux qui vous sort du néant pour une courte existence (il y avait beaucoup d’enfants parmi les victimes) et vous y replonge dans des conditions aussi atroces.

Conclusions : s’il existait un dieu bon ,il devrait être le premier des « AQUOIBONISTES »…. en s’abstenant de créer la vie , et plus particulièrement celle des humains conscients , doués de réflexions . Il aurait évité ces souffrances, ces atrocités qui durent maintenant depuis des millénaires et continueront.

Il n’y aurait pas d’êtres humains sur terre ? Et puis après ? Nous sommes là, bien obligés de faire avec…. mais notre non existence n’aurait pas changé le cours des planètes et de l’univers.

Malheureusement (ou heureusement suivant comment on se place) comme ce dieu n’existe pas et que l’homme lui, existe bien, ça n’est pas pour demain la fin de ce dont je parle plus haut…. et notre planète condamnée a être une éternelle pétaudière.